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Le théâtre antique

En Gaule, ce type d'édifice est fréquent dans les grandes agglomérations. La dimension souvent importante des théâtres gallo-romains s'explique en partie par leur utilisation lors de cérémonies religieuses. Le théâtre est alors associé au sanctuaire de la cité dans la pratique du culte.

Le théâtre antique de Mandeure, le deuxième par la taille des théâtres des provinces de Gaule et de Germanie, est le seul monument antique encore visible de l’agglomération romaine. Il est construit au sud de l’agglomération antique d’Epomanduodurum, contre le talus calcaire qui borde le Doubs. Cet édifice considérable, de 142 mètres de diamètre, pouvant accueillir jusqu’à 15000 spectateurs (placés dans les gradins en fonction de leur statut), comprenait une cavea à quatre volées de gradins (maeniana), en partie appuyée sur le talus naturel, en partie construite sur des substructions en opus vittatum, un dispositif scénique « classique » avec orchestra et pulpitum, ainsi que trois façades constituées d’arcades décorées d’un ordre engagé.

 

Chronologie et phases de construction

Nous avons aujourd’hui quelques raisons de penser que la datation d’époque flavienne (70 - 100 ap. J.C.), jusqu’alors communément admise pour le théâtre, ne concerne en réalité qu’une des phases de construction et probablement pas celle avec la façade à arcades qui est actuellement visible.
En revanche la chronologie relative montre que le théâtre de Mandeure présente probablement trois grandes phases de construction : l’orchestra dans sa forme actuelle appartient à la dernière phase. Auparavant elle aurait pu être plus grande et plus haute, et il n’est même pas exclu qu’une arène ait été aménagée à cet endroit. Cette séquence historique qui voit un théâtre succéder à un édifice à arène pourrait passer pour extravagante si le site suisse voisin d’Augusta Raurica (Augst) ne présentait pas la même évolution monumentale.

Le théâtre, son contexte urbanistique et les autres monuments d’Epomanduodurum

L’étude du théâtre antique s’est très vite enrichie d’une recherche plus générale sur les monuments de l’agglomération antique.
Les prospections menées depuis 2001 sur l’ensemble de l’agglomération ont permis de mieux connaitre les monuments de la ville antique, en particulier dans le secteur du théâtre qui comprenait une riche série d’édifices vraisemblablement publics. Comme à Avenches (Suisse), l’esplanade qui séparait le sanctuaire de l’édifice de spectacle est encadrée par toute une série de constructions : lieux de culte secondaires, édifices nécessaires pour l’accueil ou le confort des pèlerins, etc. D’autres grands bâtiments se laissent deviner dans le centre de l’agglomération, dans la courbe du Doubs par exemple. Ce constat d’un riche équipement architectural, que l’on pouvait déjà faire au vu des découvertes anciennes par Fr. Morel-Macler d’un lapidaire abondant attestant l’existence de plusieurs constructions monumentales, a donc été confirmé par les prospections réalisées depuis trois ans. Si l’on ajoute à ces observations que les premières études menées sur la décoration architecturale ont établi qu’il faut restituer aux monuments publics une décoration architecturale riche et soignée, on conviendra que nous avons probablement affaire avec ce site à une métropole urbaine, qui présente tous les attributs de la ville romaine.
Epomanduodurum était donc une importante ville gallo-romaine. Un rapide coup d’œil aux plans les plus récents de la ville antique ou même une simple visite sur le site du théâtre suffit à apprécier la puissance économique et religieuse de cette cité durant l’antiquité.